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Participation électorale de divers groupes de jeunes Canadiens à l'élection fédérale de 2015

5. Mobilisation sociale et politique

L'ENJ nous permet d'examiner l'importance de la mobilisation en ce qui a trait au comportement électoral. Le recensement des écrits a montré que le fait de « se faire demander » de participer peut se révéler être un facteur important dans la décision de participer à la politique (Rosenstone et Hansen 1993, Verba et coll. 1995). Les citoyens peuvent se faire encourager à voter par des membres de leurs réseaux personnels et par les partis politiques. Des études ont montré que les partis politiques et les candidats qui joignent les électeurs utilisent un moyen efficace pour inciter les gens à voter (Huckfeldt et Sprague 1992). Cependant, selon des données probantes, la mobilisation sociale varie d'un groupe social à l'autre, et les partis politiques ne s'adressent pas également à tous les groupes de citoyens (Gray et Caul 2000). Dans la présente section, nous déterminons si les jeunes ont été encouragés à aller voter par leur réseau social général, leurs enseignants, les médias et les organisations sociales et communautaires et à quelle fréquencenote 10. Nous nous penchons également sur les efforts de campagne déployés par les partis politiques avant l'élection fédérale de 2015note 11.

Le tableau 4 présente les niveaux de mobilisation sociale et politique dont ont fait l'objet les différents sous-groupes de jeunes dans le cadre de l'élection fédérale de 2015note 12. Les résultats révèlent que les jeunes Autochtones, les jeunes de minorités visibles et les étudiants étaient beaucoup plus encouragés à aller voter par leurs réseaux personnels et des organisations que les jeunes non-Autochtones et les jeunes n'appartenant pas à une minorité visible, les jeunes sans emploi et ceux ayant un emploi. Si nous tenons compte également de la mobilisation effectuée par certaines organisations propres aux groupes (c.-à-d. organisations autochtones pour les jeunes Autochtones, groupes culturels ou ethniques pour les jeunes appartenant à une minorité visible, organisations étudiantes pour les étudiants et organisations représentant les personnes handicapées pour les jeunes handicapés), les écarts au chapitre de la mobilisation deviennent encore plus marqués entre les sous-groupes de jeunes (et continuent d'être importants sur le plan statistique). Cela indique que les organisations propres aux groupes jouent un rôle dans la mobilisation de leurs jeunes membres, mais elles ne sont pas les seules à encourager les jeunes à voter.

Les résultats ne montrent pas de différences importantes dans les efforts de campagne des partis politiques pour les différents groupes de jeunes. Cependant, moins d'étudiants ont déclaré avoir été joints par un parti politique (25,1 %) comparativement aux jeunes ayant un emploi (30,9 %). De même, les jeunes en milieu rural étaient également moins susceptibles d'avoir été joints par un parti politique pendant la dernière élection fédérale. Parmi les jeunes vivant en milieu rural, 25,1 % ont dit qu'un politicien ou un parti politique les avait joints pendant la campagne, comparativement à 31,1 % des jeunes vivant en milieu urbain.

Les résultats montrent que les différents groupes de jeunes Canadiens font l'objet d'une mobilisation différente pendant les élections. Tout d'abord, les organisations et réseaux sociaux semblent être des sources importantes de mobilisation pour les jeunes Autochtones, les jeunes appartenant à une minorité visible et les étudiants, ce qui confirme des conclusions antérieures sur l'importance des organisations autochtones et des associations étudiantes pour inciter les jeunes à voter (Harell et coll. 2009, Abacus 2016). Cependant, il semble que les jeunes sans emploi sont beaucoup moins susceptibles d'être encouragés à voter, ce qui peut s'expliquer en partie par le fait qu'ils ne fréquentent pas d'environnement de travail ni d'établissement d'enseignement. Enfin, les jeunes n'ont pas signalé de taux élevés de communication par les partis politiques et les candidats (c.-à-d. pour tous les sous-groupes, au plus 31,1 % des jeunes ont déclaré avoir été joints par un parti), et les jeunes sans emploi et ceux en milieu rural étaient beaucoup moins susceptibles d'avoir été joints.

Tableau 4 : Mobilisation des différents sous-groupes de jeunes et communication par un parti
Mobilisation
(moyenne, de 0 à 7)
Communication par un parti
(en %)
Taille minimale de l'échantillon
Statut d'Autochtone Autochtone 3,6** 29,1 109
Non-Autochtone• 3,0 29,6 2 342
Statut de minorité visible Appartenant à une minorité visible 3,4*** 31,3 498
N'appartenant pas à une minorité visible • 3,0 29,8 1 990
Statut professionnel Sans emploi 2,5* 29,3 81
Étudiant 3,5*** 25,1* 516
Ayant un emploi• 3,0 30,9 1 846
adre de vie Milieu rural 3,0 25,1* 547
Milieu urbain • 3,1 31,1 1 873
Statut de personne handicapée Jeune handicapé 3,4 30,7 104
Sans handicap • 3,1 29,3 2 346

Remarque : Jeunes Canadiens âgés de 18 à 34 ans.

Différences importantes sur le plan statistique : *** p<0,001; ** p<0,01; * p<0,05 (catégorie de référence :  •)

Il est généralement reconnu que les partis politiques concentrent leurs efforts de mobilisation auprès des électeurs habituels, qui ne sont pas les jeunes citoyens. En fait, nous constatons que les Canadiens âgés de 18 à 34 ans étaient beaucoup moins susceptibles d'avoir été joints par les partis (29,5 %) que les Canadiens âgés de 35 ans ou plus (59 %) et cette différence de 30 points de pourcentage est importante sur le plan statistique. Cependant, les résultats ont montré que certains sous-groupes sont encore moins susceptibles d'être encouragés à aller voter par les partis politiques.