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Rapport sur l'Enquête nationale auprès des jeunes : Analyse de la participation politique et civique de sous-groupes de jeunes Canadiens

1. Introduction

Depuis 2008, Élections Canada (2011) a fait de la participation électorale des jeunes une priorité et un élément essentiel de son Plan stratégique (2008-2013) quinquennal. Par conséquent, l'Enquête nationale auprès des jeunes (ENJ) a été commandée. La collecte de données représentatives à l'échelle nationale sur l'engagement politique des jeunes permet de mieux comprendre les occasions et les obstacles liés à la participation politique des jeunes. Mise en œuvre en 2011, la première série de l'ENJ a sondé un échantillon composé de 2 665 jeunes de partout au pays sur leurs attitudes et comportements politiques (Gélineau, 2013; Malatest & Associates, 2011). Les conclusions laissent entendre que les jeunes ne sont pas un groupe homogène; au contraire, il y a beaucoup de variations entre les différents groupes sociodémographiques de jeunes en ce qui a trait aux taux de participation et aux facteurs qui favorisent la participation politique.

La 42e élection fédérale du Canada a eu lieu le 19 octobre 2015, et elle a été, à de nombreux égards, différente des élections fédérales antérieures. La lutte a été très serrée entre les trois partis fédéraux les plus importants. Après une campagne de 78 jours, une des plus longues de l'histoire canadienne, l'élection d'octobre 2015 a été la première élection fédérale tenue en vertu des lois sur les élections à date fixe. Le taux de participation à l'élection de 2015 a été de 68,3 %, soit une augmentation de 7 points de pourcentage par rapport à l'élection de 2011, et il s'agissait de la deuxième élection consécutive où le taux de participation avait augmenté (Élections Canada, 2016). Après l'élection de 2015, Élections Canada a mené une deuxième vague de l'ENJ, sondant un échantillon de 2 506 Canadiens âgés de moins de 35 ans de partout au pays, du 21 octobre au 26 novembre 2015. En plus de l'échantillon composé de jeunes, l'ENJ de 2015 comportait également un sous-échantillon de 503 adultes âgés de 35 ans ou plus.

Il est important de comprendre de façon empirique la participation politique des jeunes, car, de nos jours, les inégalités quant à la participation politique peuvent avoir une incidence négative sur la représentation des jeunes et le fonctionnement de la démocratie canadienne en établissant des tendances à long terme en ce qui a trait à l'engagement politique. De plus, de nombreuses données probantes laissent entendre que les nouvelles générations sont moins susceptibles de voter et que cette tendance peut expliquer en grande partie le déclin de la participation au scrutin dans les sociétés occidentales (Barnes et Virgint, 2010; Blais et coll., 2004; Clarke et coll., 2004; Dalton, 2007; Franklin, 2004; Lyons et Alexander, 2000; Miller et Shanks, 1996; Wattenberg, 2007). Dans le rapport, nous présentons notre analyse de l'ENJ de 2015 relativement à trois questions globales :

  1. Dans quelle mesure les jeunes votent-ils et participent-ils à d'autres activités politiques et civiques?
  2. Quels facteurs expliquent les écarts potentiels entre le taux de participation des jeunes citoyens et des citoyens plus âgés?
  3. Dans quelle mesure la participation politique est-elle équivalente entre les groupes de jeunes? Quelles inégalités existent entre les sous-groupes de jeunes en ce qui concerne la participation électorale et d'autres comportements politiques et civiques et qu'est-ce qui explique ces inégalités?

Le présent rapport est établi de la manière qui suit. Dans la section 2, nous présentons un aperçu général de l'état de la participation des jeunes à l'élection fédérale canadienne de 2015. Nous montrons que, même si les jeunes votent moins que les adultes plus âgés, ils ne présentent pas de distinctions importantes en ce qui a trait à la plupart des autres comportements politiques ou formes de participation civique. Par contre, nous constatons des données probantes laissant entendre qu'il existe un certain nombre d'inégalités dans la participation politique autodéclarée des différents sous-groupes de jeunes. Dans la section 3, nous examinons les facteurs qui expliquent les écarts entre les jeunes et les adultes âgés pour ce qui est de la participation électorale et d'une autre forme de participation politique pour laquelle les jeunes sont à la traîne, soit le fait d'entrer en communication avec les politiciens. Nous constatons que les écarts de la participation sont principalement causés par les différences dans les attitudes politiques et que d'autres variables explicatives classiques de la participation, comme les ressources socioéconomiques et l'exposition à la mobilisation, jouent un rôle beaucoup plus modeste. Dans la section 4, nous nous penchons sur trois sous-groupes de jeunes : les jeunes sans emploi, les jeunes en milieu rural et les jeunes Autochtones. Nous examinons les causes du désengagement chez les deux premiers groupes ainsi que les données probantes qui montrent une augmentation sensible de la participation chez le dernier groupe. La section 5 clôt le rapport; on y aborde les conclusions et formule plusieurs recommandations stratégiques.