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Participation électorale des jeunes au Canada

2. Profil descriptif des jeunes Canadiens

Nous devons tout d'abord fournir une description générale des caractéristiques sociodémographiques des jeunes. Le tableau 1 présente nos principales constatations. Suivant les classifications de groupes d'âge utilisées par Statistique Canada dans le recensement de 2006, nous avons distingué deux groupes, ceux de 18 à 24 ans et ceux de 25 à 29 ans, et nous les avons comparés avec les personnes de 30 à 65 ansnote 1. Nous avons porté notre attention sur les caractéristiques socioéconomiques qui, selon la recherche actuelle, pourraient avoir une incidence sur la participation électorale : le sexe, l'instruction, le revenu, l'emploi, l'état matrimonial, le lieu de résidence (urbain ou rural), la mobilité, la religion et l'origine (le fait d'être né ou non au Canada)note 2.

Sur le plan du sexe, nous avons constaté que le pourcentage de femmes et d'hommes était à peu près égal pour chaque groupe d'âge. Les hommes sont toutefois un peu plus nombreux dans le groupe des 18 à 24 ans, tandis que les femmes sont un peu plus nombreuses dans le groupe des 25 à 29 ans et des 30 à 65 ans.

En ce qui concerne le revenu familial, nous avons constaté qu'une proportion à peu près égale de jeunes de 18 à 24 ans et de 25 à 29 ans (27 %) ont un revenu annuel de moins de 40 000 $. Cette proportion est un peu moins importante (24 %) chez les Canadiens de 30 à 65 ansnote 3.

En ce qui concerne l'instruction, nous avons constaté que les jeunes Canadiens sont plus instruits que leurs compatriotes plus âgés. Si plus du quart (28 %) des Canadiens de 18 à 24 ans ont fait des études postsecondaires, cette part atteint 54,2 % chez les Canadiens de 25 à 29 ansnote 4. En comparaison, un peu moins de la moitié (47 %) des Canadiens de 30 à 65 ans ont affirmé avoir fait des études postsecondaires. Nous avons supposé que le niveau d'instruction chez les Canadiens de 18 à 24 ans serait à peu près le même que ceux de 25 à 29 ans. C'est effectivement ce que nous avons constaté quand nous nous sommes penchés sur la proportion de Canadiens qui étudient. Nous avons constaté que plus de la moitié des jeunes de 18 à 24 ans (58 %) sont actuellement étudiants. Ce taux descend à 23 % chez les Canadiens de 25 à 29 ans. Seulement 8 % de ceux âgés de 30 à 65 ans affirment étudier.

Tableau 1 : Un profil démographique des jeunes Canadiens
   18-24   25-29   30-65 
Hommes (%) 50,5  49,2  49,1 
Revenu familial supérieur à 40 000 $ (%) 73,4  72,6  75,5 
Études postsecondaires (%) 28,0  54,2  47,2 
Étudiants (%) 58,3  23,2  8,1 
Mariés (%) 4,3  26,7  61,2 
Vivent en zone urbaine (%) 69,5  72,3  67,2 
Déménagé au cours de l'année précédente (%) 27,6  28,9  11,0 
Non-croyants (%) 20,9  22,6  15,4 
Nés à l'extérieur du Canada (%) 16,4  20,0  25,5 

Les données sont tirées du recensement canadien de 2006, sauf en ce qui concerne la pratique religieuse.

Le taux de mariages varie aussi beaucoup d'un groupe d'âge à un autre. Chez les 18 à 24 ans, seule une personne sur 25 rapporte être mariée. Ce taux atteint 27 % chez les 25 à 39 ans, tandis qu'il double presque pour atteindre 61 % chez les 30 à 65 ans.

Les jeunes Canadiens sont seulement un peu plus susceptibles que leurs compatriotes de vivre en zone urbainenote 5. Plus important, ils sont presque trois fois plus susceptibles que leurs compatriotes plus âgés d'avoir déménagé au cours de la dernière année. Plus du quart (27,6 %) des Canadiens de 18 à 24 ans ont affirmé avoir déménagé au cours de l'année précédente. Ce pourcentage augmente et atteint 28,9 % chez les Canadiens de 25 à 29 ans. En comparaison, seulement 11,0 % des Canadiens de 30 à 65 ans ont déménagé au cours de la dernière année. Il s'agit d'un écart frappant.

Nous avons constaté que les jeunes Canadiens sont plus nombreux que les Canadiens plus âgés à affirmer n'appartenir à aucune religionnote 6. Un jeune de 18 à 24 ans et de 25 à 29 ans sur cinq rapporte n'avoir aucune religion. Le ratio passe à un sur sept chez les Canadiens de 30 à 65 ans. De toute évidence, la religion semble moins importante pour les jeunes Canadiens que pour les Canadiens plus âgés. Ceci pourrait expliquer en partie la diminution de la participation électorale, puisque la religion ou l'observance religieuse est reconnue comme une des variables explicatives de la décision de participer à des élections.

Enfin, lorsque nous examinons le lieu de naissance des Canadiens, nous constatons un écart important entre nos divers groupes d'âge. Les jeunes Canadiens sont plus susceptibles que les Canadiens plus âgés d'être nés au Canada. En effet, 84 % des Canadiens de 18 à 24 ans rapportent être nés au Canada. Ce taux descend à 80 % chez les jeunes de 25 à 29 ans, et diminue encore chez les Canadiens de 30 à 65 ans, en atteignant 74 %.

Après avoir tracé les profils des jeunes Canadiens et des Canadiens plus âgés, nous avons analysé ce qui distingue les Canadiens de 18 à 30 ans qui participent aux élections de ceux qui n'y participent pas.


Note 1 Ces deux groupes représentent, respectivement 9,2 % et 6,3 % des Canadiens, selon le recensement de 2006.

Note 2 Dans la mesure du possible, nous avons utilisé, pour cette étude, les données du recensement de 2006. Toutes les données ont été recueillies auprès d'un échantillon de 20 % de la population. Dans une version antérieure de cette étude, nous avions établi une comparaison entre les Canadiens de 18 à 24 ans et ceux de 25 à 30 ans. Cette fois, les catégories utilisées sont celles du recencement de 2006 ( 18-24  ans et 25-29 ans). Lorsque nous regroupons les données antérieures selon ces nouvelles catégories, nous constatons que les différences générales entre ces groupes restent valides pour chaque variable. Le recours à des catégories différentes n'a donc pas d'influence sur les pourcentages présentés.

Note 3 Nous avons choisi d'utiliser le revenu familial plutôt que le revenu personnel pour deux raisons. D'abord, l'Étude électorale canadienne utilise le revenu familial comme mesure. Pour faire concorder les première et seconde analyses, il était donc pertinent d'utiliser cette mesure. Ensuite, le revenu personnel ne nous permet pas d'en savoir beaucoup sur la classe ou le statut économique des personnes qui ne travaillent pas. Prenons, par exemple, deux étudiants du secondaire, l'un provenant d'une famille très pauvre et l'autre, d'une famille riche. On peut s'attendre à ce que le second soit avantagé par un revenu familial important par rapport au premier, et qu'il ait plus de facilité à acquérir les connaissances et les outils nécessaires pour voter. Cependant, si nous mesurons leur revenu personnel, nous ne constaterions aucune différence entre eux et serions bien en peine d'expliquer la relation entre le revenu et la participation électorale. C'est pour ces deux raisons que nous utilisons le revenu familial comme mesure.

Note 4 Suivant les catégories du rencensement de 2006 définies par CANSIM, nous considérons que ceux ayant fait des études postsecondaires sont titulaires d'un certificat collégial ou un d'un certificat, grade ou diplôme universitaire. Les résultats ainsi obtenus sont nettement différents de ceux qui figurent dans la version antérieure de ce rapport en raison des classifications différentes utilisées en 2001 par rapport à 2006. Malgré ces écarts importants en termes de quantité, on observe le même phénomène : les diplômés d'âge moyen ont un niveau d'instruction plus élevé que la moyenne.

Note 5 Nous considérons que les Canadiens qui habitent dans une région métropolitaine de recensement (RMR) résident en zone urbaine.

Note 6 Comme les questions liées à la religion reviennent à tous les deux recensements, l'information relative à la pratique religieuse des différents groupes d'âge provient du recensement de 2001.