open Menu secondaire

Pourquoi la participation décline aux élections fédérales canadiennes : un nouveau sondage des non-votants


6. L'efficacité du vote et la compétitivité des partis

Nous avons vu plus haut les résultats de mesures de ces deux concepts connexes. L'analyse factorielle du tableau 15 révélait que les opinions sur la compétitivité des partis à l'échelle nationale et dans la circonscription du répondant étaient étroitement liées (elles formaient le facteur 3). De même, les opinions sur l'élément « les chances pour que votre vote fasse une différence » à l'échelle du pays ou de la circonscription constituent la majeure partie du facteur 2. Dans les régressions qui ont suivi, ces deux facteurs ont servi de prédicteurs de vote/abstention (tableaux 17 à 20). Le fait d'estimer que le vote avait de l'importance (combiné au facteur du « devoir civique ») constituait un prédicteur statistiquement significatif du fait d'avoir voté, mais pas l'évaluation de la compétitivité des partis.

Il est utile d'examiner ces éléments de plus près, car ils reflètent la façon dont les Canadiens évaluaient la situation politique au Canada à l'élection de 2000. Beaucoup d'observateurs ont souligné que la « dominance régionale » de certains partis créait une impression de non-compétitivité à l'échelle nationale. En outre, dans un grand nombre de circonscriptions partout au pays, l'écart entre le candidat gagnant et son plus proche concurrent est assez grand pour que les votants potentiels aient pu sentir que leur vote ne changerait pas grand-chose au résultat final. Bien entendu, ceux qui manifestaient un haut niveau d'intérêt politique ou de « sens du devoir civique » étaient susceptibles de voter malgré tout, mais les personnes manifestant plus faiblement ces attitudes peuvent avoir jugé qu'il ne valait pas la peine de voter.




Tableau 31 « Votre vote a-t-il fait une différence à l'échelle du pays? »
(en pourcentage)


  Voté en 2000? Total
Oui Non
Une grande
14,4
7,0
10,4
Une certaine
22,7
18,9
20,6
Une petite
34,9
33,4
34,1
Aucune
28,0
40,8
34,9
 
100,0
100,0
100,0
V = 0,116    p<0,000




Tableau 32 « Votre vote a-t-il fait une différence dans votre circonscription? »
(en pourcentage)


  Voté en 2000? Total
Oui Non
Une grande
23,1
10,1
16,2
Une certaine
32,3
22,9
27,3
Une petite
26,1
34,4
30,5
Aucune
18,5
32,7
26,1
 
100,0
100,0
100,0
V = 0,243    p<0,000




Tableau 33 « Les partis étaient-ils compétitifs à l'échelle nationale? »
(en pourcentage)


  Voté en 2000? Total
Oui Non
Très compétitifs
21,2
20,5
20,8
Assez compétitifs
39,5
42,8
41,2
Peu compétitifs
29,1
20,9
24,8
Pas du tout compétitifs
10,3
15,9
13,2
 
100,0
100,0
100,0
V = 0,116    p<0,000




Tableau 34 « Les partis étaient-ils compétitifs dans votre circonscription? »
(en pourcentage)


  Voté en 2000? Total
Oui Non
Très compétitifs
16,6
14,7
15,7
Assez compétitifs
40,9
41,7
41,3
Peu compétitifs
31,4
25,4
28,3
Pas du tout compétitifs
11,1
18,2
14,7
 
100,0
100,0
100,0
V = 0,111    p<0,000


Les tableaux 31 et 32 révèlent qu'une majorité significative des répondants jugeaient que leur vote ferait peu ou pas de différence à l'échelle du pays et de leur circonscription. Ce sentiment d'inutilité était plus fort à l'échelle du pays, comme on pouvait s'y attendre, compte tenu du grand nombre de votes en jeu. Les réponses concernant les circonscriptions sont peut-être plus révélatrices. Ici, le sentiment d'inutilité est ressenti de façon particulièrement forte par ceux qui n'ont pas voté. Le tableau 32 indique que les deux tiers des non-votants, contre moins de la moitié (44,6 %) des votants, avaient l'impression que leur vote compterait peu ou pas au niveau local. D'une certaine façon, le fait que tant de Canadiens aient voté en pensant que leur suffrage avait peu de chance de peser dans la balance témoigne éloquemment de leur sens du devoir civique.

Si de nombreux citoyens ont l'impression que leur vote ne compterait pas beaucoup dans le résultat final, cette opinion n'est pas généralement accompagnée de jugements négatifs sur la compétitivité des partis. Les tableaux 33 et 34 montrent que des majorités substantielles, même de non-votants, trouvaient les partis compétitifs, quoique les répondants les qualifiaient plus volontiers d'« assez compétitifs » plutôt que « très compétitifs ». La signification de « assez compétitifs » est sujette à interprétation; il se pourrait qu'elle n'indique pas un niveau particulièrement élevé de compétitivité perçue.

Nous avons exploré d'autres corrélations potentielles de ces attitudes (données non présentées). Dans le cas des sentiments d'efficacité du vote et de compétitivité des partis, les principaux prédicteurs significatifs étaient les cotes de facteurs mesurant les attitudes liées à l'inefficacité, à la confiance et au soutien des partis (tableaux 17 à 20, prédicteurs 10 à 12). Comme nous savions déjà qu'il y avait corrélation entre ces facteurs, cette constatation présente peu d'intérêt pour notre étude.