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Participation à la vie politiqueGénération Z : Portrait d'une nouvelle génération de jeunes Canadiens et comparaison avec les Canadiens plus âgés

Après avoir comparé les orientations de la génération Z à l'égard de la société et de la démocratie canadiennes avec celles des générations plus âgées, nous examinons la façon dont la nouvelle génération de Canadiens participe à la vie politique, à la société et aux affaires publiques.

D'abord, nous nous pencherons sur les ressources politiques et les facteurs de motivation qui favorisent et expliquent la participation des citoyens à la vie politique. Ensuite, nous examinerons les habitudes de consommation des médias des jeunes et leur confiance à l'égard des différentes sources de nouvelles. Puis, nous analyserons le rôle des agents de socialisation, c'est à-dire les acteurs qui peuvent influencer l'engagement et les comportements politiques des jeunes, comme les écoles, les enseignants, les parents, les amis et, dans une moindre mesure, les partis politiques. Enfin, nous ferons un survol des attitudes des jeunes à l'égard du processus électoral et de leur implication civique et politique dans la société canadienne.

1. Ressources politiques

a.Connaissances politiques

La connaissance de la politique et des affaires publiques est une des ressources les plus importantes pour les citoyens (Delli Carpini et Keeter, 1996). Ceux qui en savent plus sur la politique sont généralement plus actifs dans cette sphère.

Pour évaluer les connaissances politiques des Canadiens, nous avons posé 10 questions touchant trois sujets : les personnalités politiques, les institutions politiques et les promesses électorales des partis politiques (dans le contexte de l'élection générale fédérale de 2019)1.

En moyenne, les Canadiens plus âgés ont davantage de connaissances politiques que les autres groupes. La barre inférieure de la figure 8 montre qu'en moyenne, les Canadiens plus âgés ont répondu correctement à 5 des 10 questions. Ils ont donc répondu correctement à deux questions de plus que les Canadiens de 23 à 34 ans, qui, en moyenne, ont répondu correctement à trois questions. Les deux groupes les plus jeunes ont démontré le moins de connaissances, ayant répondu correctement à seulement deux questions, en moyenne. Il y a des différences importantes et toutes statistiquement significatives dans les niveaux de connaissance. Les résultats ne sont toutefois pas étonnants, étant donné que des études antérieures démontrent que les jeunes citoyens ont moins de connaissances politiques, ce qui appuie l'explication liée au cycle de vie : les jeunes sont davantage pris par d'autres événements de la vie, comme l'obtention d'un diplôme ou d'un emploi (Mahéo et Vissers, 2016; Gidengil et al., 2003).

Figure 8 : Nombre moyen de bonnes réponses à 10 questions sur la politique, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 8 : Nombre moyen de bonnes réponses à 10 questions sur la politique, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Description de "Figure 8 : Nombre moyen de bonnes réponses à 10 questions sur la politique, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %) "

Ce graphique à barres horizontales montre le nombre moyen de bonnes réponses à diverses questions sur la politique, par groupe d'âge. L'échelle varie de 0 (aucune bonne réponse) à 10 (10 bonnes réponses). Les moyennes sont les suivantes :

  • 16-17 ans : 2,2
  • 18-22 ans : 2,2
  • 23-34 ans : 3,1
  • 35 ans et plus : 4,9

En ce qui concerne les différents types de connaissances, les écarts entre les Canadiens les plus jeunes et les plus âgés varient selon la question. Comme le montrent les première et troisième séries de barres de la figure 9, l'écart le plus important entre les deux groupes les plus jeunes et le groupe le plus âgé concerne les questions liées aux responsabilités du gouvernement (écarts respectifs d'environ 36 et 46 points de pourcentage). Ce résultat n'est pas surprenant étant donné que les Canadiens plus âgés ont une plus grande expérience du système politique et des services publics.

Il existe également des écarts notables dans les niveaux de connaissance des personnalités publiques et des promesses électorales des partis entre les membres de la génération Z et les Canadiens plus âgés, particulièrement les 35 ans et plus (écarts d'environ 20 à 30 points de pourcentage pour la plupart des questions).

La connaissance du contexte politique et électoral actuel, démontrée par la connaissance des promesses électorales et des personnalités publiques, peut être considérée comme une mesure de l'attention accordée à la politique. Donc, en ce sens, il n'est pas étonnant que les citoyens de 35 ans et plus soient ceux qui accordent le plus d'attention à la politique ou aient le plus de connaissances en la matière. Puisque les Canadiens plus âgés sont plus nombreux à voter, ils sont plus susceptibles de suivre les campagnes électorales et l'actualité. L'attention accordée aux élections est plus importante aux yeux de ceux qui y participent. Ceux qui accordent une attention accrue aux campagnes tendent également à mieux connaître les principales personnalités politiques dont il est régulièrement question.

L'explication selon laquelle l'attention accordée à la politique est liée à la participation électorale est corroborée par notre analyse du groupe des 18 à 22 ans. Les répondants de ce groupe d'âge qui ont voté à l'élection de 2019 affichent des niveaux de connaissance significativement plus élevés au sujet des promesses électorales (et des institutions politiques) que ceux qui n'ont pas voté. Ainsi, parmi les Canadiens plus jeunes, ceux qui votent sont également ceux qui accordent le plus d'attention à la politique.

Soulignons que la connaissance du nombre de députés à la Chambre des communes (voir la neuvième série de barres de la figure 9) est relativement faible et que la plupart des différences entre les groupes d'âge ne sont pas statistiquement significatives. Environ le tiers des répondants de tous les groupes d'âge ont répondu correctement. Ces résultats indiquent que les jeunes qui sont pour la plupart encore aux études connaissent les institutions politiques aussi bien que les Canadiens plus âgés.

Figure 9 : Pourcentage de répondants qui ont répondu correctement à 10 questions sur la politique, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 9 : Pourcentage de répondants qui ont répondu correctement à 10 questions sur la politique, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

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Ce graphique à barres horizontales montre le pourcentage de répondants de chaque groupe d'âge qui ont répondu correctement à chacune des questions sur la politique. La répartition est la suivante :

  • Responsabilité des soins de santé
    • 16-17 ans : 30 %
    • 18-22 ans : 30 %
    • 23-34 ans : 43 %
    • 35 ans et plus : 66 %
  • Personnalité publique : Angela Merkel
    • 16-17 ans : 24 %
    • 18-22 ans : 29 %
    • 23-34 ans : 40 %
    • 35 ans et plus : 64 %
  • Responsabilité de l'assurance-emploi
    • 16-17 ans : 17 %
    • 18-22 ans : 18 %
    • 23-34 ans : 35 %
    • 35 ans et plus : 64 %
  • Promesse électorale : abolition de la taxe sur le carbone
    • 16-17 ans : 28 %
    • 18-22 ans : 28 %
    • 23-34 ans : 39 %
    • 35 ans et plus : 59 %
  • Personnalité publique : Julie Payette
    • 16-17 ans : 29 %
    • 18-22 ans : 21 %
    • 23-34 ans : 28 %
    • 35 ans et plus : 55 %
  • Promesse électorale : soins dentaires universels
    • 16-17 ans : 19 %
    • 18-22 ans : 21 %
    • 23-34 ans : 32 %
    • 35 ans et plus : 47 %
  • Personnalité publique : Chrystia Freeland
    • 16-17 ans : 11 %
    • 18-22 ans : 12 %
    • 23-34 ans : 22 %
    • 35 ans et plus : 47 %
  • Promesse électorale : interdiction des fusils semi-automatiques
    • 16-17 ans : 22 %
    • 18-22 ans : 22 %
    • 23-34 ans : 32 %
    • 35 ans et plus : 42 %
  • Nombre de députés à la Chambre des communes
    • 16-17 ans : 33 %
    • 18-22 ans : 28 %
    • 23-34 ans : 26 %
    • 35 ans et plus : 34 %
  • Promesse électorale : abolition des droits de scolarité postsecondaires
    • 16-17 ans : 10 %
    • 18-22 ans : 9 %
    • 23-34 ans : 10 %
    • 35 ans et plus : 9 %

b. Sentiment de compétence politique

Le sentiment de compétence politique des citoyens est un facteur important de leur engagement politique et de leur activisme politique ou civique. En effet, si les gens ne croient pas être en mesure de comprendre ce qui se passe dans la sphère politique ou les affaires publiques, ils sont moins portés à s'y investir.

Nous avons demandé aux Canadiens s'ils étaient d'accord avec l'affirmation selon laquelle « la politique et le gouvernement semblent si compliqués qu'une personne comme [eux] ne peut pas vraiment comprendre ce qui se passe ». Comme le montre la figure 10, il existe une fracture profonde entre les Canadiens plus âgés (générations X et du baby-boom) et les trois groupes plus jeunes (générations Y et Z). Bien que tous les groupes d'âge soient plutôt d'accord avec l'affirmation (puisque la moyenne se situe au-dessus de la valeur médiane de 0,5), les Canadiens de 16 à 34 ans sont plus susceptibles d'être d'accord. Le niveau d'accord moyen des trois groupes les plus jeunes est de 0,6, et il n'existe aucun écart statistique entre leurs indices. Par contre, les Canadiens de 35 ans et plus sont moins susceptibles d'être d'accord avec l'affirmation, avec une moyenne de 0,53, qui présente une différence significative par rapport à l'indice des répondants plus jeunes.

En examinant de plus près les réponses des Canadiens qui venaient d'avoir le droit de vote, c'est-à-dire les 18 à 22 ans qui pouvaient voter à l'élection générale fédérale de 2019, nous pouvons comparer le sentiment déclaré de compétence politique des nouveaux votants et de ceux qui ont choisi de ne pas voter. Ceux qui ont voté affichent des indices de compétence qui sont, en moyenne, supérieurs de 15 points de pourcentage aux indices de ceux qui n'ont pas voté. Ces résultats mettent en lumière l'importance des programmes d'éducation sur le vote et la démocratie pour rehausser la participation électorale en améliorant les connaissances des électeurs et leur sentiment de compétence.

Figure 10 : Niveaux d'accord moyens avec l'énoncé selon lequel la politique est trop compliquée, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 10 : Niveaux d'accord moyens avec l'énoncé selon lequel la politique est trop compliquée, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

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Ce graphique à barres horizontales montre les niveaux d'accord moyens avec l'énoncé suivant : « Parfois, la politique et le gouvernement semblent si compliqués qu'une personne comme moi ne peut pas vraiment comprendre ce qui se passe ». Les niveaux d'accord sont mesurés sur une échelle de 0 (fortement en désaccord) à 1 (fortement d'accord). Les moyennes sont les suivantes :

  • 16-17 ans : 0,62
  • 18-22 ans : 0,60
  • 23-34 ans : 0,58
  • 35 ans et plus : 0,53

c. Intérêt pour la politique

L'intérêt pour la politique est un des principaux indicateurs de la participation des citoyens à la vie politique et constitue un facteur de motivation essentiel qui détermine la mesure dans laquelle les citoyens participent activement aux affaires publiques (Verba, Schlozman et Brady, 1995). En général, les Canadiens sont relativement intéressés par les affaires publiques et la politique. Le quart des répondants au sondage de 2019 se sont dits très intéressés par la politique, et la moitié, plutôt intéressés.

Toutefois, comme le montre la figure 11, les niveaux d'intérêt pour la politique varient selon l'âge des répondants. Tant les 16 et 17 ans que les 18 à 22 ans se sont dits pas du tout intéressés (en rouge foncé) ou plutôt indifférents (en rouge clair) plus souvent que les 23 à 34 ans et les 35 ans et plus. Il s'ensuit que parmi les deux groupes plus âgés, la proportion de répondants qui se disent très intéressés (en vert foncé) et plutôt intéressés (vert clair) par la politique est relativement plus importante.

Figure 11 : Niveaux d'intérêt pour la politique, par groupe d'âge

Figure 11 : Niveaux d'intérêt pour la politique, par groupe d'âge

Description de "Figure 11 : Niveaux d'intérêt pour la politique, par groupe d'âge"

Ces quatre graphiques circulaires montrent les niveaux d'intérêt pour la politique de chaque groupe d'âge. La répartition est la suivante :

  • 16-17 ans
    • Très intéressé(e) : 11 %
    • Plutôt intéressé(e) : 45 %
    • Plutôt indifférent(e) : 35 %
    • Pas du tout intéressé(e) : 9 %
  • 18-22 ans
    • Très intéressé(e) : 12 %
    • Plutôt intéressé(e) : 45 %
    • Plutôt indifférent(e) : 31 %
    • Pas du tout intéressé(e) : 12 %
  • 23-34 ans
    • Très intéressé(e) : 18 %
    • Plutôt intéressé(e) : 52 %
    • Plutôt indifférent(e) : 22 %
    • Pas du tout intéressé(e) : 8 %
  • 35 ans et plus
    • Très intéressé(e) : 28 %
    • Plutôt intéressé(e) : 49 %
    • Plutôt indifférent(e) : 18 %
    • Pas du tout intéressé(e) : 6 %

Les différences dans les niveaux moyens d'intérêt sont statistiquement significatives entre les groupes d'âge (excepté entre les 16 et 17 ans et les 18 à 22 ans), ce qui démontre que les deux groupes de la génération Z (qui ont des niveaux d'intérêt équivalents) sont ceux qui ont le moins d'intérêt pour la politique parmi tous les Canadiens.

La différence d'âge liée aux niveaux d'intérêt pour la politique et les niveaux inférieurs d'intérêt observés au sein de la nouvelle génération d'électeurs canadiens soulèvent des questions pour l'avenir. Certains chercheurs ont avancé que les niveaux d'intérêt pour la politique sont relativement fixés vers 16 ans, et qu'à cet âge, l'intérêt est présent, ou il ne l'est pas (Prior, 2018). Il est donc possible qu'à mesure que la génération Z remplace les générations plus âgées, le niveau global d'intérêt pour la politique au sein de la population canadienne décline en raison de l'intérêt moins marqué de la génération Z. À l'inverse, il se peut qu'avec l'âge, et après avoir franchi différentes étapes de la vie, les membres de la génération Z s'intéressent davantage à un domaine qui occupera une plus grande place dans leur vie.

Pour l'avenir, nous pouvons nous demander ce qui peut être fait aujourd'hui afin d'éveiller l'intérêt des plus jeunes pour la politique. Au moyen d'analyses de régression, nous examinons la relation entre caractéristiques individuelles, engagement psychologique, activités civiques, ressources sociales et intérêt pour la politique. Nous cherchons à caractériser l'intérêt pour la politique de la génération Z et à examiner plus en détail les différences entre les répondants de 16 et 17 ans et ceux de 18 à 22 ans à l'aide de paramètres d'interaction. La figure 12 montre les associations statistiquement significatives entre plusieurs facteurs et l'intérêt pour la politique. Ces chiffres sont fondés sur les résultats des analyses de régression qui se trouvent à l'annexe 1 (tableau 2).

La figure 12a illustre la probabilité prédite d'être intéressés par la politique en fonction du niveau de connaissance des répondants de 16 à 22 ans. Nous constatons que des niveaux plus élevés de connaissance des institutions politiques sont associés à des niveaux plus élevés d'intérêt. La figure 12b montre la probabilité prédite d'être intéressés par la politique en fonction de la fréquence de discussions sur la politique au sein de trois types de groupes sociaux. Nous observons qu'une plus grande fréquence de discussions avec les enseignants, les parents et les amis est dans tous les cas associés à un plus grand niveau d'intérêt, et que cette association positive est particulièrement forte pour les discussions avec les parents et les amis.

Nous ne sommes pas en mesure de caractériser la relation de causalité entre ces facteurs avec les données dont nous disposons (à savoir si de meilleures connaissances et des discussions plus fréquentes aiguisent l'intérêt pour la politique ou si, à l'inverse, l'intérêt pour la politique amène de meilleures connaissances et des discussions plus fréquentes). Cependant, en nous fondant sur des modèles théoriques et des données empiriques antérieures, nous croyons qu'en accroissant la connaissance de la politique et en stimulant la discussion chez les jeunes, on entraînerait une augmentation de l'intérêt pour la politique.

Figure 12 : Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique (intervalles de confiance de 95 %)

a) Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique des jeunes de 16 à 22 ans, selon leur connaissance des institutions politiques

Figure 12a : Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique des jeunes de 16 à 22 ans, selon leur connaissance des institutions politiques

Description de "Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique des jeunes de 16 à 22 ans, selon leur connaissance des institutions politiques "

Graphique a) Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique des jeunes de 16 à 22 ans, selon leur connaissance des institutions politiques

Ce graphique linéaire montre l'intérêt prédit pour la politique des répondants de 16 à 22 ans, selon le nombre de bonnes réponses à des questions sur les institutions politiques. Sur l'axe horizontal, le nombre de bonnes réponses varie entre 0 et 3. Sur l'axe vertical, le niveau d'intérêt varie entre 0,67 et 0,76 sur une échelle de 0 (pas du tout intéressé(e)) à 1 (très intéressé(e)), 0,67 correspondant à « plutôt intéressé(e) ». Toutes les autres variables sont maintenues à leur moyenne.

  • Si un répondant n'a répondu correctement à aucune question, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 69 %.
  • Si un répondant a répondu correctement à une question, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 70 %.
  • Si un répondant a répondu correctement à deux questions, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 71 %.
  • Si un répondant a répondu correctement à trois questions, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 73 %.

b) Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique des jeunes de 16 à 22 ans, selon la fréquence des discussions sur la politique avec leurs amis, leurs parents et leurs enseignants

Figure 12b : Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique des jeunes de 16 à 22 ans, selon la fréquence des discussions sur la politique avec leurs amis, leurs parents et leurs enseignants

Description de "Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique des jeunes de 16 à 22 ans, selon la fréquence des discussions sur la politique avec leurs amis, leurs parents et leurs enseignants"

Graphique b) Prédiction du niveau d'intérêt pour la politique des jeunes de 16 à 22 ans, selon la fréquence des discussions sur la politique avec leurs amis, leurs parents et leurs enseignants

Ce graphique linéaire montre l'intérêt prédit pour la politique des répondants de 16 à 22 ans, selon la fréquence de leurs discussions sur la politique avec trois différents agents de socialisation. Chaque ligne correspond à un agent différent, soit les amis, les parents ou les enseignants. Sur l'axe horizontal figurent dans l'ordre les cinq réponses possibles au sujet de la fréquence des discussions : jamais, rarement, parfois, souvent, très souvent. Sur l'axe vertical, le niveau d'intérêt varie entre 0,64 et 0,76 sur une échelle de 0 (pas du tout intéressé(e)) à 1 (très intéressé(e)), 0,67 correspondant à « plutôt intéressé(e) ». Toutes les autres variables sont maintenues à leur moyenne.

  • Agent de socialisation : amis
    • Si le répondant ne parle jamais de politique avec ses amis, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 66 %.
    • Si le répondant parle rarement de politique avec ses amis, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 68 %.
    • Si le répondant parle parfois de politique avec ses amis, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 70 %.
    • Si le répondant parle souvent de politique avec ses amis, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 73 %.
    • Si le répondant parle très souvent de politique avec ses amis, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 74 %.
  • Agent de socialisation : enseignants
    • Si le répondant ne parle jamais de politique avec ses enseignants, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 68 %.
    • Si le répondant parle rarement de politique avec ses enseignants, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 69 %.
    • Si le répondant parle parfois de politique avec ses enseignants, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 70 %.
    • Si le répondant parle souvent de politique avec ses enseignants, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 71 %.
    • Si le répondant parle très souvent de politique avec ses enseignants, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 72 %.
  • Agent de socialisation : parents
    • Si le répondant ne parle jamais de politique avec ses parents, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 66 %.
    • Si le répondant parle rarement de politique avec ses parents, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 68 %.
    • Si le répondant parle parfois de politique avec ses parents, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 70 %.
    • Si le répondant parle souvent de politique avec ses parents, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 72 %.
    • Si le répondant parle très souvent de politique avec ses parents, son niveau d'intérêt prédit pour la politique est de 74 %.

2. Consommation des médias

a. Fréquence de consultation des nouvelles

L'intérêt des Canadiens pour la politique et les affaires publiques peut également être mesuré en fonction de leur consultation des nouvelles : ceux qui sont les plus intéressés ont tendance à suivre l'actualité plus assidûment. En général, les Canadiens sont attentifs à l'actualité. En effet, 40 % des Canadiens disent suivre l'actualité chaque jour, alors que seulement 17 % disent ne jamais consulter les nouvelles. Encore une fois, nous observons un écart entre les générations : la génération Z suit beaucoup moins souvent l'actualité que les millénariaux, et encore moins souvent que la génération X et les baby-boomers. Par exemple, environ 25 % des Canadiens de 16 à 22 ans indiquent ne jamais consulter les nouvelles, et près de la moitié le font une ou deux fois par semaine.

b. Sources de nouvelles

Les générations auxquelles nous nous intéressons ont grandi dans des environnements médiatiques et des contextes technologiques très différents. Les baby-boomers ont grandi principalement avec la radio et les médias imprimés, la génération X a connu l'essor de la télévision, les millénariaux sont les premiers à avoir utilisé l'internet sur une base régulière, et la génération Z est la première à avoir grandi avec les appareils mobiles (Dimock, 2019). Le contexte dans lequel ont grandi les Canadiens peut avoir une incidence sur les sources de nouvelles qu'ils privilégient pour se tenir informés au sujet des affaires publiques et de la politique.

Dans l'analyse des résultats du sondage de 2019 auprès des Canadiens, nous constatons des différences entre les groupes d'âge quant aux sources de nouvelles qu'ils privilégient. Le groupe qui se démarque le plus en ce qui a trait à la variété des sources de nouvelles qu'il consulte est celui des 35 ans et plus. En revanche, les groupes compris dans la tranche des 16 à 34 ans s'informent relativement de la même façon. La seule différence entre ces trois groupes d'âge, qui ont tous grandi avec Internet, réside dans le fait que les plus jeunes répondants de la génération Z (les 16 et 17 ans) sont beaucoup moins susceptibles de consulter les médias imprimés (la différence par rapport aux autres groupes d'âge est statistiquement significative).

La différence entre les générations X et du baby-boom et les générations plus jeunes est illustrée à la figure 13, qui montre l'importance relative des différentes sources de nouvelles consultées par les répondants de 16 et 17 ans (à gauche) et ceux de 35 ans et plus (à droite). La figure montre clairement que chez les Canadiens plus âgés, la télévision est la première source d'information, suivie à parts relativement égales des médias imprimés, de la radio, des applications Web pour appareils mobiles et des réseaux sociaux. À l'inverse, les médias les plus consultés par les Canadiens plus jeunes sont les applications de réseautage social, suivies de la télévision et des applications Web pour appareils mobiles.

Figure 13 : Sources de nouvelles préférées des répondants de 16 et 17 ans (panneau de gauche) et de 35 ans et plus (panneau de droite)

Figure 13 : Sources de nouvelles préférées des répondants de 16 et 17 ans (panneau de gauche) et de 35 ans et plus (panneau de droite)

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Ces graphiques à bulles montrent les sources de nouvelles préférées des répondants de 16 et 17 ans et des répondants de 35 ans et plus. On a demandé aux répondants d'indiquer leurs principales sources de nouvelles parmi neuf choix.

En ordre décroissant, les sources de nouvelles préférées des 16 et 17 ans sont les suivantes :

  • Sites de réseautage social : 52 %
  • Télévision : 45 %
  • Applications Web : 40 %
  • Actualités sociales : 19 %
  • Radio : 18 %
  • Médias indépendants : 9 %
  • Médias imprimés : 7 %
  • Autre : 5 %

En ordre décroissant, les sources de nouvelles préférées des 35 ans et plus sont les suivantes :

  • Télévision : 69 %
  • Médias imprimés : 28 %
  • Radio : 28 %
  • Applications Web : 28 %
  • Sites de réseautage social : 25 %
  • Médias indépendants : 13 %
  • Actualités sociales : 5 %
  • Autre : 5 %

Les sources d'information consultées ont une grande incidence sur le type d'information consultée et la façon de s'informer. Selon des études (Kononova, 2013; Paasonen, 2016), les personnes qui consultent les nouvelles sur des applications Web et sur les réseaux sociaux effectuent souvent plusieurs tâches en même temps et sont plus souvent distraites par d'autres stimuli visuels, comme des publicités. Par conséquent, elles portent moins attention au contenu informationnel. De plus, des études démontrent que la diffusion de désinformation se fait plus rapidement sur le Web que dans d'autres types de médias, ce qui accroît le risque pour les internautes d'être exposés à de fausses nouvelles (Vosoughi, Roy et Aral, 2018). Ainsi, les membres de la nouvelle génération qui s'informent à l'aide des réseaux sociaux et des applications Web risquent d'accorder moins d'attention à l'actualité politique et d'être plus souvent exposés à de la désinformation, ce qui peut avoir d'importantes conséquences pour leur engagement politique.

c. Confiance à l'égard des sources de nouvelles

Lorsque nous comparons les niveaux de confiance des Canadiens à l'égard des différentes sources de nouvelles, plus particulièrement du journalisme traditionnel par rapport aux médias sociaux, nous constatons qu'en général, le niveau de confiance dans le journalisme professionnel est beaucoup plus élevé que le niveau de confiance dans les médiaux sociaux; il y a une différence importante et statistiquement significative de 20 points de pourcentage. Cependant, l'examen des niveaux de confiance à l'égard de ces deux sources de nouvelles d'un groupe d'âge à l'autre révèle différentes tendances.

Les répondants de 35 ans et plus font le plus confiance au journalisme professionnel et le moins confiance aux médias sociaux. On ne s'étonne pas qu'ils se démarquent de la génération Y (les 23 à 34 ans) et de la génération Z (les 16 à 22 ans), qui ont toutes deux grandi avec Internet. Il existe toutefois encore des différences entre ces deux groupes plus jeunes. Les millénariaux, considérés comme les premiers « enfants du numérique », font malgré tout davantage confiance au journalisme professionnel qu'aux médias sociaux. Cependant, la génération Z, qui est la première à avoir grandi avec les téléphones intelligents, affiche des niveaux de confiance relativement égaux à l'égard du journalisme traditionnel et des médias sociaux, contrairement aux deux groupes plus âgés.

Ces résultats ont d'importantes implications pour la démocratie. Les jeunes Canadiens suivent beaucoup plus l'actualité sur les réseaux sociaux et les applications Web que les Canadiens plus âgés, et ils font autant confiance aux nouvelles dans les médias sociaux qu'au journalisme professionnel. Cela étant, la génération Z est plus à risque de consulter de fausses nouvelles et de l'information non vérifiée et d'y croire, puisque celles-ci sont plus répandues sur le Web que dans les médias imprimés.

3. Ressources sociales

Dans cette section, nous nous concentrons sur la génération Z. Nous examinons les différents agents de socialisation qui influencent l'engagement politique des Canadiens de 16 à 22 ans et cherchons à savoir si ces influences sont similaires ou différentes chez les jeunes qui ont le droit de vote par rapport aux jeunes qui ne l'ont pas encore. De nombreuses études sur la socialisation politique font ressortir l'influence des parents, de la famille, de l'école, des enseignants et des amis sur le développement politique des enfants et des jeunes (Beck et Jennings, 1982; Mahéo, 2018; Marquart, Ohme et Möller, 2020; Napoli, 2014). Ces agents de socialisation peuvent contribuer à façonner les orientations et les comportements politiques des jeunes, notamment grâce à des discussions sur la politique et en invitant les jeunes à participer à des activités politiques ou civiques (Dalton, 1982). Nous examinons également certaines influences plus contemporaines, comme la capacité des partis politiques à entrer en contact avec les jeunes et à les mobiliser lors d'une campagne électorale fédérale.

a. Groupes sociaux : discussions sur la politique

Les agents de socialisation contribuent à façonner les orientations et les comportements politiques des jeunes, notamment grâce à des discussions sur la politique (Dalton, 1982). Par ces discussions, les agents de socialisation peuvent non seulement transmettre des messages sur l'importance de la politique et de la participation citoyenne, mais aussi fournir de l'information sur la politique et les façons de s'impliquer socialement. Comme nous l'avons vu dans la section sur l'intérêt pour la politique, ce genre de discussion peut renforcer la participation à la vie politique et accroître la probabilité que les gens deviennent actifs sur le plan politique (Zuckerman, 2005; McClurg, 2003).

Nous avons demandé aux jeunes Canadiens à quelle fréquence ils parlent de politique avec leurs amis, leurs enseignants et leurs parents. Dans l'ensemble, les jeunes de 16 à 22 ans discutent de politique un peu plus souvent avec leurs parents, puis avec leurs enseignants et ensuite avec leurs amis. L'écart entre ces trois groupes sociaux n'est toutefois pas considérable. La seule différence significative entre les deux groupes de jeunes réside dans le fait que les 16 et 17 ans parlent plus souvent de politique avec leurs enseignants que les 18 à 22 ans. Ce n'est pas surprenant, car de nombreux jeunes de 16 et 17 ans vont encore à l'école secondaire et ont des rapports fréquents avec les mêmes enseignants, comparativement aux jeunes plus âgés qui sont plus susceptibles d'étudier au cégep ou à l'université.

b. École : cours d'éducation civique et élections simulées

Les familles jouent un rôle important dans la socialisation politique des jeunes, mais les écoles sont également un agent de socialisation important dans la vie des enfants et des adolescents. Presque tous les enfants fréquentent l'école au moins jusqu'à leurs 16 ans, et la plupart d'entre eux poursuivent ensuite leurs études dans différents contextes pendant quelques années. Bien que la littérature ait remis en question l'efficacité des programmes et des cours d'éducation civique, des études récentes démontrent que les programmes offerts dans les écoles stimulent l'engagement et les connaissances politiques des enfants (Mahéo, 2018, 2019).

Nous avons interrogé les jeunes répondants au sujet de leur expérience des programmes d'éducation civique à l'école. Comme le montre la figure 14, les 16 et 17 ans étaient significativement plus susceptibles d'affirmer avoir participé à une élection simulée à l'école (52 %) que les 18 à 22 ans (43 %). Les jeunes de 16 et 17 ans étaient également significativement plus susceptibles d'affirmer avoir suivi des cours d'éducation civique à l'école secondaire (81 %) que les jeunes de 18 à 22 ans (71 %). Les écarts observés dans l'expérience des programmes d'éducation civique pourraient être attribuables à un accès accru à de tels programmes ces dernières années pour les jeunes de 16 et 17 ans. Ces écarts pourraient aussi être imputables, du moins en partie, au fait que les jeunes de 18 à 22 ans ne se souviennent pas de leur expérience au secondaire avec autant de précision que les jeunes de 16 et 17 ans, car elle remonte à plus loin.

Dans l'ensemble, près de la moitié des membres de la génération Z ont participé à une activité de vote à l'école, et environ les trois quarts d'entre eux ont suivi des cours d'éducation civique. Bien qu'il y ait encore des progrès à faire pour ce qui est de familiariser les jeunes Canadiens avec le geste de voter avant leur majorité, il semble qu'un grand nombre d'entre eux reçoivent maintenant une certaine formation en classe sur la démocratie et la politique. Un examen des programmes d'éducation civique enseignés dans les écoles canadiennes au cours des dernières années pourrait permettre de déterminer s'il y a réellement eu une augmentation de l'offre en la matière.

Figure 14 : Pourcentage de répondants de 16 à 22 ans qui ont déclaré avoir suivi des cours d'éducation civique et participé à une élection simulée, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 14 : Pourcentage de répondants de 16 à 22 ans qui ont déclaré avoir suivi des cours d'éducation civique et participé à une élection simulée, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

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Ce graphique à barres horizontales montre le pourcentage de répondants de 16 à 22 ans qui ont suivi des cours sur le gouvernement et la politique et qui ont participé à une élection simulée à l'école primaire ou secondaire.

  • À l'école secondaire, avez-vous suivi des cours sur le gouvernement et la politique?
    • 16-17 ans : 81 %
    • 18-22 ans : 71 %
  • Avez-vous déjà participé à une élection simulée à l'école primaire ou secondaire (par exemple, Vote étudiant)?
    • 16-17 ans : 52 %
    • 18-22 ans : 43 %

c. Partis politiques

Comme nous le savons, recevoir une invitation à participer constitue un facteur important de l'engagement politique (Verba, Schlozman et Brady, 1995). Nous avons demandé aux répondants si un parti politique ou un candidat avait communiqué avec eux durant la campagne électorale fédérale de 2019.

La figure 15 montre les écarts importants et significatifs dans la mobilisation des Canadiens. Moins de 30 % des Canadiens de 34 ans et moins ont déclaré avoir été en contact avec un parti politique ou un candidat durant la campagne électorale de 2019, comparativement à environ 40 % des Canadiens de 35 ans et plus2. Ces chiffres confirment les données d'études et de rapports antérieurs montrant que les jeunes Canadiens sont beaucoup moins susceptibles d'être contactés et mobilisés par des partis politiques avant une élection (Mahéo et Vissers, 2016), ce qui pourrait être un des nombreux facteurs expliquant leur taux de participation électorale nettement plus bas que celui des Canadiens plus âgés.

Figure 15 : Pourcentage de répondants qui ont déclaré avoir été contactés par un parti politique, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 15 : Pourcentage de répondants qui ont déclaré avoir été contactés par un parti politique, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

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Ce graphique à barres horizontales montre le pourcentage de répondants de chaque groupe d'âge qui ont déclaré avoir été contactés par un parti politique. La répartition est la suivante :

  • 16-17 ans : 22 %
  • 18-22 ans : 26 %
  • 23-34 ans : 29 %
  • 35 ans et plus : 39 %

Notes

1 Toutes les questions figurent en annexe du rapport.

2 Le faible taux de prise de contact avec les futurs électeurs (22 % pour les 16 et 17 ans) peut s'expliquer par le fait que les partis politiques n'ont aucune motivation particulière à joindre les Canadiens qui n'ont pas encore l'âge de voter.