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Orientations sociales et politiquesGénération Z : Portrait d'une nouvelle génération de jeunes Canadiens et comparaison avec les Canadiens plus âgés

Cette première section présente les orientations sociales et politiques de la génération Z et les compare avec celles des générations Y, X et du baby-boom.

1. Attitudes sociales

a. Confiance envers les autres

Une question standard du sondage mesure la confiance générale des répondants envers les gens : « De façon générale, diriez-vous que la plupart des gens sont dignes de confiance ou qu'il faut faire preuve d'une grande prudence dans ses relations avec les gens? » Les réponses révèlent un niveau de confiance générale relativement bas, avec un indice moyen de 0,46 sur une échelle de 0 à 1, où 0 correspond à la conviction que nous devons être prudents dans nos relations avec les gens, et 1 correspond à la conviction que la plupart des gens sont dignes de confiance.

Les réponses à cette question varient significativement d'une cohorte à l'autre (figure 2). Les répondants de 35 ans et plus affichent des niveaux de confiance générale plus élevés que les trois autres groupes d'âge. L'écart entre les indices de confiance des répondants nés avant 1985 et ceux des autres groupes est légèrement inférieur à 10 points de pourcentage. En général, les répondants des cohortes plus âgées font davantage confiance aux gens; toutefois, il est difficile de déterminer si cette conclusion est attribuable à un effet de cycle de vie ou à un véritable effet générationnel.

Figure 2 : Niveaux de confiance générale, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 2 : Niveaux de confiance générale, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Description de "Figure 2 : Niveaux de confiance générale, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)"

Ce graphique à barres horizontales montre l'indice moyen de confiance générale des répondants de chaque groupe d'âge. La valeur de l'indice varie de 0 (indiquant la conviction qu'il faut être prudent dans ses relations avec les gens) à 0,5 (indiquant la conviction que la plupart des gens sont dignes de confiance). Les indices moyens sont les suivants :

  • 16-17 ans : 0,42
  • 18-22 ans : 0,41
  • 23-34 ans : 0,40
  • 35 ans et plus : 0,48

b. Matérialisme

L'examen des convictions liées à l'accumulation de biens et de richesses révèle des différences de valeurs entre les générations. Comparativement aux baby-boomers, les membres des nouvelles générations sont souvent perçus comme étant plus matérialistes, soit en raison du contexte économique plus difficile dans lequel ils ont grandi, soit en réaction aux valeurs de leurs aînés.

Nous nous appuyons sur six indicateurs du matérialisme pour examiner les différences de valeurs à ce chapitre. Ces indicateurs sont liés à l'importance des biens matériels dans la vie d'une personne, au bonheur que lui procurent les biens matériels et à la relation qu'elle établit entre les biens matériels et sa réussite (Richins, 2004). La figure 3 montre les valeurs moyennes de ces indicateurs pour chacune des cohortes. Les valeurs augmentent d'un groupe d'âge à l'autre : les Canadiens de 16 et 17 ans sont les moins matérialistes, alors que ceux de 35 ans et plus sont les plus matérialistes. Les différences entre les cohortes des 16 et 17 ans, des 18 à 22 ans et des 23 à 34 ans ne sont ni importantes, ni statistiquement significatives. Dans l'ensemble, ces résultats donnent à penser que le niveau de matérialisme varie surtout selon le cycle de vie : les citoyens plus âgés jouissent d'un confort matériel plus grand comparativement aux citoyens plus jeunes, qui souvent sont aux études, occupent un emploi à temps partiel ou précaire et n'ont pas encore accumulé de richesses, et qui ont ainsi tendance à attacher moins d'importance aux biens matériels.

Figure 3 : Niveaux de matérialisme déclarés par les répondants, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 3 : Niveaux de matérialisme déclarés par les répondants, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

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Ce graphique à barres horizontales montre les niveaux d'accord moyens avec divers énoncés sur les valeurs matérialistes, par groupe d'âge. Le niveau d'accord varie de 0,0 (fortement en désaccord) à 0,7 (fortement d'accord). Les moyennes sont les suivantes :

  • J'admire les personnes qui possèdent une maison, une voiture et des vêtements coûteux
    • 16-17 ans : 0,35
    • 18-22 ans : 0,36
    • 23-34 ans : 0,40
    • 35 ans et plus : 0,52
  • Le luxe est important dans ma vie
    • 16-17 ans : 0,41
    • 18-22 ans : 0,44
    • 23-34 ans : 0,50
    • 35 ans et plus : 0,64
  • Les objets que je possède témoignent de ma réussite dans la vie
    • 16-17 ans : 0,45
    • 18-22 ans : 0,45
    • 23-34 ans : 0,47
    • 35 ans et plus : 0,53
  • J'aurais une meilleure qualité de vie si je possédais certaines choses
    • 16-17 ans : 0,36
    • 18-22 ans : 0,36
    • 23-34 ans : 0,37
    • 35 ans et plus : 0,44
  • Je serais plus heureux(se) si je pouvais acheter plus de choses
    • 16-17 ans : 0,31
    • 18-22 ans : 0,31
    • 23-34 ans : 0,33
    • 35 ans et plus : 0,46
  • Acheter des choses me procure beaucoup de plaisir
    • 16-17 ans : 0,47
    • 18-22 ans : 0,51
    • 23-34 ans : 0,53
    • 35 ans et plus : 0,65

Une tendance similaire existe au sein de notre échantillon sur l'échelle de mesure du postmatérialisme. Cette échelle, élaborée par Inglehart (2008), détermine la priorité que les personnes accordent à quatre différents objectifs que leur pays devrait poursuivre. Deux de ces objectifs utilisés dans le sondage sont considérés comme étant de nature matérialiste (combattre la hausse des prix et maintenir l'ordre dans le pays), et deux sont considérés comme étant de nature postmatérialiste (protéger la liberté d'expression et augmenter la participation des citoyens aux décisions importantes de politique publique). La figure 4 indique le pourcentage de répondants qui accordent la priorité aux différents objectifs de l'État. Elle révèle que les attitudes postmatérialistes sont plus répandues chez les répondants de 16 et 17 ans et ceux de 18 à 22 ans (sans écart statistique entre les deux groupes), mais significativement moins répandues chez les répondants de 23 à 34 ans et, surtout, chez les 35 ans et plus (sans écart statistique entre les deux groupes). Ce résultat cadre avec la thèse d'Inglehart sur le postmatérialisme selon laquelle chaque génération est plus postmatérialiste que la précédente.

Figure 4 : Priorité accordée aux objectifs de l'État inclus dans l'échelle de mesure du postmatérialisme, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 4 : Priorité accordée aux objectifs de l'État inclus dans l'échelle de mesure du postmatérialisme, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

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Ce graphique à barres horizontales montre le pourcentage de répondants de chaque groupe d'âge qui accordent la priorité à différents objectifs de l'État. La répartition est la suivante :

  • Combattre la hausse des prix
    • 16-17 ans : 20 %
    • 18-22 ans : 25 %
    • 23-34 ans : 35 %
    • 35 ans et plus : 37 %
  • Augmenter la participation des citoyens aux décisions importantes de politique publique
    • 16-17 ans : 36 %
    • 18-22 ans : 39 %
    • 23-34 ans : 33 %
    • 35 ans et plus : 30 %
  • Protéger la liberté d'expression
    • 16-17 ans : 27 %
    • 18-22 ans : 25 %
    • 23-34 ans : 20 %
    • 35 ans et plus : 19 %
  • Maintenir l'ordre dans le pays
    • 16-17 ans : 15 %
    • 18-22 ans : 12 %
    • 23-34 ans : 12 %
    • 35 ans et plus : 15 %

2. Attitudes politiques

a. Confiance politique

Nous avons demandé à tous les répondants dans quelle mesure ils faisaient confiance à différentes institutions au cœur de la société canadienne : la police, le gouvernement fédéral et leur gouvernement provincial. Les réponses varient entre 0, qui signifie que le répondant ne fait pas du tout confiance à l'institution, et 1, qui indique que le répondant fait beaucoup confiance à l'institution.

Dans l'ensemble, la confiance envers la police est la plus élevée, avec une moyenne de 0,64. Par contre, les niveaux de confiance moyens de la population canadienne envers les institutions politiques sont relativement faibles. Tant le gouvernement fédéral que les gouvernements provinciaux ont obtenu des indices de confiance en deçà de la valeur médiane de 0,5, soit des indices respectifs d'environ 0,48 et 0,49. Nous avons également demandé aux Canadiens s'ils étaient d'accord avec l'affirmation suivante : « Le gouvernement fédéral est digne de confiance pour protéger les renseignements personnels des Canadiens ». En moyenne, les Canadiens sont relativement neutres, n'étant ni d'accord ni en désaccord avec l'affirmation (aucun écart entre les quatre groupes d'âge).

La figure 5 présente les niveaux de confiance moyens envers chacune des trois institutions, par groupe d'âge. Encore une fois, nous observons des différences significatives entre les groupes d'âge. Nous constatons surtout que les répondants de 16 et 17 ans et ceux de 18 à 22 ans font davantage confiance aux gouvernements fédéral et provinciaux que les deux groupes plus âgés. La plupart de ces différences sont statistiquement significatives; toutefois, il n'existe aucune différence significative dans les niveaux de confiance politique entre les répondants de 16 et 17 ans et ceux de 18 à 22 ans. La cohorte la plus âgée est celle qui fait le plus confiance à la police (indice de confiance d'environ 0,66), suivie des deux groupes de la génération Z (indices de 0,62 et de 0,64) et des millénariaux (indice d'environ 0,55).

Figure 5 : Niveaux de confiance envers trois institutions, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 5 : Niveaux de confiance envers trois institutions, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

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Ce graphique à barres horizontales montre les indices de confiance moyens envers trois institutions, par groupe d'âge. L'indice varie entre 0 (ne fait pas du tout confiance à l'institution) et 1 (fait beaucoup confiance à l'institution). Les indices sont les suivants :

  • Police
    • 16-17 ans : 0,62
    • 18-22 ans : 0,64
    • 23-34 ans : 0,56
    • 35 ans et plus : 0,66
  • Gouvernement fédéral
    • 16-17 ans : 0,53
    • 18-22 ans : 0,53
    • 23-34 ans : 0,47
    • 35 ans et plus : 0,49
  • Gouvernement provincial
    • 16-17 ans : 0,51
    • 18-22 ans : 0,52
    • 23-34 ans : 0,46
    • 35 ans et plus : 0,48

b. Cynisme politique

Nous nous penchons sur le cynisme à travers plusieurs questions liées à l'efficacité politique externe, c'est à-dire la conviction que les acteurs politiques sont ou non en phase avec les citoyens. Nous avons demandé aux répondants de nous dire dans quelle mesure ils étaient d'accord avec les trois affirmations suivantes : « Les députés ne se soucient pas beaucoup de ce que pensent les gens comme moi », « Les gens comme moi n'ont aucune influence sur ce que fait le gouvernement fédéral à Ottawa » et « Les partis politiques ne s'intéressent qu'à mon vote, et pas à mon opinion ». Les niveaux d'accord ont été mesurés sur une échelle de 0 à 1 (0 = fortement en désaccord; 0,5 = ni d'accord ni en désaccord; 1 = fortement d'accord).

Dans l'ensemble de l'échantillon, les Canadiens sont plutôt d'accord avec ces affirmations. Cependant, nous avons constaté des distinctions claires entre la génération Z et les Canadiens plus âgés. Les jeunes Canadiens sont moins cyniques que leurs aînés.

Comme le montre la figure 6, il n'y a aucune différence significative entre les deux groupes d'âge de la génération Z, même si les répondants de 16 et 17 ans ont tendance à être moins cyniques que ceux de 18 à 22 ans. La principale différence se situe entre la génération Z et les Canadiens plus âgés, qui sont légèrement, mais significativement plus susceptibles de se dire plutôt d'accord avec les affirmations suivantes : « Les députés ne se soucient pas beaucoup de ce que pensent les gens comme moi » et « Les partis politiques ne s'intéressent qu'à mon vote, et pas à mon opinion ». Nous avons observé un écart d'environ 5 points de pourcentage dans les réponses liées à ces deux affirmations entre les deux groupes les plus jeunes et les deux groupes les plus âgés.

Pour ce qui est de la dernière affirmation, soit « Les gens comme moi n'ont aucune influence sur ce que fait le gouvernement fédéral à Ottawa », tous les groupes d'âge sont plutôt neutres (ni d'accord ni en désaccord), et les différences entre les groupes d'âge ne sont pas toutes statistiquement significatives. Cependant, les répondants de 16 et 17 ans demeurent les moins cyniques, particulièrement lorsqu'on les compare aux 35 ans et plus.

Bien que certains experts aient parlé de l'émergence de citoyens critiques et de la tendance des jeunes générations à être moins déférentes envers les politiciens et plus critiques envers les acteurs politiques (Norris, 1999; Dalton, 2008), les résultats présentés ici tendent à appuyer les constatations d'études antérieures, selon lesquelles les jeunes Canadiens ne sont pas ceux qui manifestent le plus grand cynisme politique (Mahéo et Vissers, 2016). Les différences générationnelles pourraient indiquer que, dans l'ensemble et avec le temps, les citoyens deviennent plus cyniques, mais l'écart d'âge observé parmi les répondants en 2019 donne à penser que cette tendance pourrait être attribuable à un effet de cycle de vie. Les répondants de 18 à 22 ans, et particulièrement ceux de 16 et 17 ans, ont moins d'expérience liée aux institutions politiques que les Canadiens plus âgés et ont donc eu moins d'occasions d'être déçus par les acteurs politiques et leurs actes.

Cela n'écarte pas la possibilité que les jeunes électeurs d'aujourd'hui soient moins déférents envers les politiciens et plus critiques envers les acteurs politiques que ne l'étaient les jeunes électeurs des décennies précédentes. L'accès à des données recueillies sur plusieurs années au moyen d'un panel et de nouvelles entrevues avec les mêmes répondants nous permettrait de savoir si les citoyens deviennent plus cyniques et désillusionnés à mesure qu'ils vieillissent et qu'ils ont eu plus d'interactions avec les pouvoirs politiques, et de comparer les générations au même moment de leur cycle de vie.

Figure 6 : Niveaux de cynisme envers les institutions et les partis politiques, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 6 : Niveaux de cynisme envers les institutions et les partis politiques, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Description de "Figure 6 : Niveaux de cynisme envers les institutions et les partis politiques, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)"

Ce graphique à barres horizontales montre les niveaux d'accord moyens avec trois énoncés, sur une échelle de 0 (fortement en désaccord) à 1 (fortement d'accord). Les valeurs sont les suivantes :

  • Les partis politiques ne s'intéressent qu'à mon vote, et pas à mon opinion
    • 16-17 ans : 0,63
    • 18-22 ans : 0,64
    • 23-34 ans : 0,70
    • 35 ans et plus : 0,69
  • Les députés ne se soucient pas beaucoup de ce que pensent les gens comme moi
    • 16-17 ans : 0,58
    • 18-22 ans : 0,60
    • 23-34 ans : 0,67
    • 35 ans et plus : 0,65
  • Les gens comme moi n'ont aucune influence sur ce que fait le gouvernement fédéral à Ottawa
    • 16-17 ans : 0,55
    • 18-22 ans : 0,58
    • 23-34 ans : 0,60
    • 35 ans et plus : 0,61

c. Satisfaction à l'égard de la démocratie

Bien que, dans la section précédente, nous ayons signalé un léger cynisme, les Canadiens sont néanmoins plutôt satisfaits du fonctionnement de la démocratie au Canada. Le niveau de satisfaction des Canadiens à l'égard de la démocratie se situe au-dessus de la valeur médiane, soit à environ 0,6 sur une échelle de 0 à 1, où 0 signifie qu'ils ne sont pas du tout satisfaits, et 1 signifie qu'ils sont très satisfaits. Encore une fois, nous constatons que la génération Z est légèrement plus positive envers la démocratie que les deux groupes plus âgés, avec un niveau de satisfaction moyen de 0,65, par rapport à 0,58 chez les millénariaux et à 0,59 chez les générations X et du baby-boom (les différences entre les groupes d'âge sont statistiquement significatives). L'effet de cycle de vie lié au manque d'expérience politique des plus jeunes dont il a été question à la section précédente pourrait expliquer pourquoi les jeunes d'aujourd'hui évaluent plus favorablement la démocratie au Canada.

d. Qui devrait prendre les décisions de politique publique dans une démocratie?

Dans la section précédente, nous avons évalué la satisfaction des citoyens à l'égard de la démocratie canadienne telle qu'elle est aujourd'hui. Nous avons également voulu savoir si les citoyens souhaitaient que la démocratie soit pratiquée différemment. Nous avons donc demandé aux Canadiens s'ils croyaient que les citoyens devaient participer davantage à la prise de décisions ou si les décisions de politique publique devaient être laissées aux politiciens.

En général, les Canadiens affirment privilégier un juste milieu entre la participation des citoyens et des politiciens au processus décisionnel. Autrement dit, ils souhaiteraient qu'à la fois les citoyens et les politiciens participent aux décisions. Sur une échelle de 0 à 1, où 0 signifie que les citoyens devraient prendre les décisions, et 1 signifie que les politiciens devraient prendre les décisions, la moyenne est de 0,53, soit presque exactement la valeur médiane.

Pourtant, en regardant de plus près les réponses par groupe d'âge, nous remarquons que les générations Y et Z sont légèrement plus enclines à privilégier une plus grande participation des citoyens plutôt que des politiciens aux décisions de politique publique, avec une moyenne de 0,46, alors que les générations X et du baby-boom ont légèrement plus tendance à privilégier une plus grande participation des politiciens, avec une moyenne de 0,53.

Même si les écarts entre les Canadiens plus jeunes et plus âgés ne sont pas considérables, ils tendent à corroborer la théorie du « citoyen critique » (Norris, 1999; Dalton, 2008), selon laquelle les plus jeunes générations sont plus critiques envers les politiciens et plus favorables à un engagement citoyen.

e. Partisanerie

De façon générale, des études récentes démontrent que les jeunes générations ne s'identifient pas autant à des partis politiques que les générations précédentes (Bartels et al., 2011; Clarke et McCutcheon, 2009; Herrando et Jiménez Martínez, 2016; LaCombe et Juelich, 2019). Les données que nous avons recueillies appuient cette théorie : le nombre de répondants qui s'identifient à un parti diminue dans chaque génération par rapport à celle qui la précède. Comme le montre la figure 7, si près de 80 % des Canadiens de 35 ans et plus déclarent s'identifier à un parti politique fédéral, c'est le cas de moins de 70 % des 18 à 22 ans et de moins de 60 % des 16 et 17 ans. Parmi les répondants ayant déclaré s'identifier à un parti politique, les 16 et 17 ans ont affiché une partisanerie moins fervente que les trois autres groupes d'âge.

Ces différences importantes et statistiquement significatives entre les plus âgés et les plus jeunes pourraient être attribuables à un effet générationnel, à un effet de cycle de vie ou aux deux à la fois. D'abord, des études démontrent que les générations plus jeunes sont plus critiques envers les élites politiques et participent moins aux activités électorales. Ensuite, certaines études révèlent que les jeunes citoyens, qui sont aux premiers stades de leur vie et n'accordent pas beaucoup d'attention à la politique, n'auront pas eu le temps d'acquérir une expérience de la politique électorale et de développer un attachement aux partis.

Bien que les données dont nous disposons ne nous permettent pas d'analyser l'explication liée aux différences générationnelles, nous pouvons nous pencher sur l'explication liée au cycle de vie. Pour ce faire, nous pouvons nous attarder aux répondants qui ont déclaré ne pas savoir s'ils s'identifient à un parti. La figure 7 montre que les deux groupes les plus jeunes, et particulièrement les 16 et 17 ans, sont significativement plus susceptibles d'affirmer qu'ils ne savent pas s'ils s'identifient à un parti, ce qui s'explique probablement par leur expérience limitée de la politique électorale et leur faible connaissance des partis politiques.

Figure 7 : Identification à un parti, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Figure 7 : Identification à un parti, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %)

Description de "Figure 7 : Identification à un parti, par groupe d'âge (intervalles de confiance de 95 %) "

Ce graphique à barres horizontales montre le pourcentage de répondants de chaque groupe d'âge qui ont déclaré s'identifier à un parti politique, ne pas s'identifier à un parti ou ne pas savoir. La répartition est la suivante :

  • 16-17 ans
    • S'identifie à un parti : 58 %
    • Ne s'identifie pas à un parti : 6 %
    • Ne sait pas : 36 %
  • 18-22 ans
    • S'identifie à un parti : 68 %
    • Ne s'identifie pas à un parti : 11 %
    • Ne sait pas : 21 %
  • 23-34 ans
    • S'identifie à un parti : 73 %
    • Ne s'identifie pas à un parti : 15 %
    • Ne sait pas : 12 %
  • 35 ans et plus
    • S'identifie à un parti : 78 %
    • Ne s'identifie pas à un parti : 14 %
    • Ne sait pas : 8 %

Fait à noter, les répondants de la génération Z les plus jeunes (16 et 17 ans) et les plus âgés (18 à 22 ans) affichent des niveaux différents de partisanerie. Les plus jeunes sont beaucoup plus susceptibles d'affirmer qu'ils ne savent pas s'ils s'identifient à un parti. Il y a une différence statistiquement significative de 15 points de pourcentage entre les deux groupes. Malgré leur proximité d'âge et leurs similitudes pour ce qui est du cadre de vie et d'autres mesures de l'engagement politique (comme il est mentionné plus loin dans le rapport), ils ont des rapports nettement différents avec les partis politiques fédéraux. Nous pensons que le droit de vote pourrait être un facteur explicatif. Puisque les répondants de 18 à 22 ans ont le droit de vote, il semblerait qu'ils avaient réfléchi davantage à leur orientation et à leur appartenance politiques au palier fédéral et qu'ils étaient plus à même de déterminer à quel parti ils s'identifiaient, comparativement aux répondants de 16 et 17 ans, qui n'avaient pas encore le droit de vote. Somme toute, bien que les deux groupes de la génération Z aient des traits et des orientations politiques en commun, l'obtention du droit de vote est une étape importante de la vie politique qui modifie le rapport aux partis, ne serait-ce que temporairement.