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Le recrutement et le maintien en poste du personnel : un défi logistique

Le recrutement et le maintien en poste de travailleurs électoraux sont le plus grand défi logistique que doit relever Élections Canada chaque élection. Or, il n'existe pas de solutions simples pour réussir cette entreprise complexe.

Dans ce rapport, on entend par désistement un préposé au scrutin qui ne s'est pas présenté au travail au moment convenu pour effectuer son quart de travail les jours de vote par anticipation ou le jour de l'élection.

Plus de 200 000 travailleurs électoraux doivent être embauchés et formés pour servir les 27 millions d'électeurs dans les 338 circonscriptions du pays. Ce grand nombre de travailleurs est nécessaire pour offrir des services adéquats aux bureaux de vote, maintenir la conformité aux procédures des jours de vote, respecter les exigences en matière d'accessibilité et de langues officielles, et s'adapter à la croissance de l'électorat.

Pour respecter son engagement à réduire les temps d'attente pour voter, Élections Canada a augmenté le nombre de bureaux de vote par anticipation, qui est passé de 4 946 en 2015 à 6 166 en 2019. Cependant, le nombre total de bureaux de vote (par anticipation et ordinaires) a légèrement diminué, passant de 72 858 à 72 817. Le nombre de travailleurs embauchés pour la 43e élection générale s'élevait à 231 599, une hausse par rapport aux 221 826 travailleurs embauchés pour la 42e élection générale.

Malgré tous ses efforts, l'organisme a connu plusieurs problèmes de recrutement et de maintien en poste qui ont finalement entraîné des retards à plusieurs lieux de vote, dont 83 bureaux de scrutin qui ont ouvert en retard le jour de l'élection.

Le nombre de candidatures par rapport au nombre de travailleurs

En 2019, l'organisme a lancé sa première campagne de recrutement numérique dans tout le pays. Il a créé une série de publicités pour faire connaître les possibilités d'emploi et encourager les gens à postuler en ligne. Il a également conçu des outils de communication pour aider les directeurs du scrutin et les divers intervenants à recruter efficacement des travailleurs électoraux et à encourager l'embauche de personnes handicapées, de néo-Canadiens, d'Autochtones, de membres des minorités linguistiques et de jeunes.

À la suite de ces initiatives, les directeurs du scrutin ont reçu plus de 550 000 demandes d'emploi par l'entremise du site Web d'Élections Canada, comparativement à 243 934 pour l'élection de 2015 et à 130 427 pour celle de 2011 (lors de laquelle il était possible de postuler en ligne pour la première fois). De plus, les partis politiques ont soumis aux directeurs du scrutin près de 30 000 candidatures; toutefois, ces candidatures n'étaient pas réparties également dans toutes les circonscriptions.

Malgré le grand nombre de candidatures reçues, dans 89 des 338 circonscriptions, les directeurs du scrutin n'ont pas pu embaucher suffisamment de travailleurs pour pourvoir tous les postes offerts. De plus, le recrutement de travailleurs bilingues dans les sections de vote où au moins 5 % de la population parle la langue officielle minoritaire a été parfois difficile, ce qui a eu une incidence sur la capacité de l'organisme à satisfaire aux exigences en matière de langues officielles dans certaines circonscriptions.

Un nombre élevé de désistements

Comme le nombre de personnes embauchées pour travailler à l'élection est très élevé, il y a toujours un pourcentage de travailleurs qui ne se présentent pas au travail.

À la 43e élection générale, le taux de désistement a été, contre toute attente, près de quatre fois plus élevé qu'à l'élection générale de 2015. Quelque 10 470 préposés au scrutin (environ 5 %) ne se sont pas présentés au travail aux bureaux de vote par anticipation et aux bureaux de scrutin ordinaires. Cette situation n'aurait pas posé problème si les désistements avaient été répartis uniformément entre les circonscriptions; or, 53 % de tous les désistements se sont produits dans 97 circonscriptions. Dans 20 circonscriptions, en particulier, le pourcentage de personnes formées qui ne se sont pas présentées pour travailler était d'environ 15 %. En l'absence de remplaçants, les fonctionnaires électoraux n'ont eu d'autre choix que de fusionner des bureaux de scrutin, c'est-à-dire d'avoir une seule équipe de fonctionnaires électoraux et une seule urne pour deux sections de vote. Ces mesures d'adaptation ont été nécessaires dans les 97 circonscriptions susmentionnées.

Une formation complexe

À la suite de la précédente élection générale tenue en 2015, le Rapport de vérification indépendant sur l'exercice des attributions des fonctionnaires électoraux – 42e élection générale révélait certaines lacunes dans les outils de formation et les exercices pratiques. Pour remédier à cette situation, Élections Canada a mis en œuvre une nouvelle stratégie de formation combinant des activités en classe et des exercices pratiques fondés sur les guides d'Élections Canada. Cette stratégie a permis aux participants de devenir de plus en plus autonomes à mesure que la formation progressait.

Malgré les efforts déployés par Élections Canada pour améliorer la formation et le matériel des préposés au scrutin pour la 43e élection générale, la majorité des directeurs du scrutin qui ont présenté un procès-verbal estiment que d'autres améliorations sont possibles. Ils recommandent également de répartir les tâches plus complexes entre les préposés au scrutin inexpérimentés et expérimentés – ce qui pourrait être particulièrement utile lors de la gestion de situations complexes. Les procédures d'ouverture et de fermeture des bureaux de vote ont notamment été jugées trop compliquées. Par ailleurs, notons que dans le Sondage auprès des fonctionnaires électoraux, 83 % des préposés au scrutin interrogés se sont dits satisfaits de leur formation.

De longues heures de travail

Les modifications apportées à la Loi électorale du Canada avant la 43e élection générale ont augmenté les heures de vote par anticipation, accordant aux électeurs 12 heures par jour pour voter au lieu de huit heures et ce, pour chacun des quatre jours de vote par anticipation. En conséquence, les employés ont dû travailler plusieurs quarts de 13 heures d'affilée pendant le week-end de l'Action de grâce. Cette situation a eu une incidence importante sur l'intérêt des travailleurs et leur capacité à remplir les engagements liés à leur poste. Dans le Sommaire du Procès-verbal des directeurs du scrutin – 43e élection générale, les directeurs du scrutin ont déclaré qu'en raison des heures prolongées lors du vote par anticipation, les travailleurs électoraux étaient épuisés. Selon le Sondage auprès des fonctionnaires électoraux, parmi les travailleurs qui ont trouvé les conditions de travail mauvaises (soit 7 % des répondants), la majorité a mentionné le manque de pause (60 %) ou le nombre d'heures de travail (41 %) comme motif d'insatisfaction.

Conclusion

Le recrutement et le maintien en poste des nombreux travailleurs nécessaires à la tenue d'une élection générale représentent un défi logistique important qui ne peut être résolu simplement en modifiant des processus. Élections Canada prépare une stratégie visant à résoudre les problèmes susmentionnés, notamment l'amélioration de la campagne de recrutement des préposés au scrutin. L'organisme s'engage à soutenir les directeurs du scrutin au moyen d'outils de formation, de recrutement et de planification des capacités pour que les effectifs soient suffisants et efficaces dans chaque circonscription.